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Régression ou rétro-progression ?

hydre-de-lerneLa dernière décennie témoigne du retour de mots en « isme » que notre pluralisme, (ou nos idéalismes ?) auraient préféré voir éradiqués :  Communautarismes dont l’exacerbation se traduit en  intégrismes (moraux, religieux, sociaux, raciaux) , débouchant eux-mêmes sur des fanatismes conduisant aux violences. Le nationalisme n’étant alors qu’une réaction épidermique d’une partie du corps social, et le populisme son exploitation politicienne.

La montée de tous ces obscurantismes pourrait être vue comme une forme de régression : Par souci de préservation d’une part d’optimisme, je la vois pour ma part comme une possible « rétro-progression » : Un pas en arrière qui permet de préparer le saut suivant :

C’est que, confrontés aux effets pervers de nouveautés qui étaient d’abord apparues comme chargées de progrès et donc prometteuses d’un futur amélioré, on est amené à peu à peu à en interroger les conséquences, et à devoir inventer des ajustements et régulations, ce qui suppose de revisiter les fondements.

Alors, parce qu’on ne dispose pas encore de clefs pour les penser sur la base d’un nouveau modèle, celui-ci n’ayant pas encore émergé, ou restant insuffisamment connu et très marginalisé, on ne peut que se référer à des enseignements anciens et des valeurs qu’on avait oubliés, ou balayés, dans l’excitation et la frénésie de l’expérimentation des nouveautés prometteuses.

Cette régression là, au niveau collectif, si elle ne se fait pas absolutisme, n’est pas obscurantisme, mais tentative d’intégration de deux modèles dont pourrait émerger un troisième.

C’est ainsi par exemple, que les « républiques des lumières » sont issues de temps obscurs : Révolutions sanglantes contre un ordre monarchique et religieux figé, qui intègrent l’ancien désir moyen-âgeux de libre conquête (de type féodal, devenant alors libéral) et les règles d’une organisation sociale fondée sur la loi et  une forme de morale (anciennement héréditaire et de droit divin,  retraduite en constitution républicaine égalitaire, et en déclaration des droits de l’homme)

D’autres étapes ont été franchies de la sorte dans l’histoire des civilisations, quelques éruptions régressives contribuant malgré elles, après quelques épisodes obscurs, à l’émergence progressive d’un modèle nouveau : De tels processus d’évolution se mesurent évidemment en décennies, voire en siècles !

C’est à une telle « rétro-progression » que nous sommes confrontés : Chacun en tant qu’individu, et collectivement (communautés, entreprises, nations, …).  Reste que le potentiel de destruction de ce qu’il ya d’humain en chacun, et de l’humanité elle-même, n’ont jamais atteint le niveau actuel, et que le prix de la progression future risque d’être élevé.

Et comme, au niveau des individus, certains tombent dans les pièges que les ombres leur tendent, il importe que l’influence de ceux qui sont portés par l’ombre, quel que soit leur nombre, soit largement dépassée par celle de ceux qui visent la lumière : Ceci est vrai au niveau des citoyens, et encore plus à celui des gouvernants !

D’où la nécessité de « penser les temps obscurs » et d’agir pour éclairer le futur « avant qu’il ne soit trop tard » :

De vieux mythes y invitaient déjà : L’hydre de Lerne, le serpent aux neufs têtes qui repoussent toujours, ne peut-être combattu que si on le sort de sa caverne profonde, et qu’on le mène à la lumière : C’est la première partie de ce travail qu’Hercule dût accomplir.  La seconde partie, et pas la plus facile, est de se confronter à cette complexité -individuelle et collective- sans cesse renaissante si on n’en trouve pas la clef centrale !

Si l’on désire éviter de couper ad aeternam les têtes des serpents hideux avec lesquels l’époque se confronte, « Penser des Temps Obscurs » est un impératif de notre temps :

Cet article inaugure ainsi une série d’autres à venir sur ce thème, eux-mêmes extraits d’un texte complet disponible sur mes sites internet.

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